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Les voitures autonomes
Depuis 2012, Google avance dans le développement de voitures sans conducteur. Ces voitures sont programmées pour minimiser les risques d’accident, mais elles sont également programmées à se comporter d’une certaine façon en cas d’accident inévitable. Dans ces cas-là, devrait-on les programmer à réagir de façon utilitariste ? Une telle voiture devrait-elle sacrifier ses passagers si cela permet d’éviter un nombre plus important de victimes ? Lorsque cette technologie sera plus développée et moins coûteuse, deviendra-t-il légitime d’imposer l’achat de tels véhicules pour minimiser le nombre d’accidents ?
Ressources :
– http://moralmachine.mit.edu/hl/fr
– http://www.quebecscience.qc.ca/Normand_Baillargeon/ethique-des-voitures-autonomes
Données d’expériences médicales nazies
Durant la seconde guerre mondiale, dans les camps de concentration, des scientifiques nazis ont mené une diversité d’expériences sur des prisonniers (sans leur consentement éclairé, s’il est besoin de le préciser). Beaucoup de ces expériences ont entraîné la mort, parfois violente ou extrêmement douloureuse, des « cobayes ». Nul doute, d’un point de vue éthique, que ces expériences sont condamnables. Il reste que certains résultats de ces expériences ont un intérêt scientifique, notamment sur la survie en hypothermie ou l’exposition à certains gaz. Serait-il dès lors acceptable d’utiliser ces données scientifiques à des fins éthiquement souhaitables (guérir, prévenir, voire sauver des vies) ?
Questions empiriques : quelle est la valeur scientifique des données en question ? Quels seraient les bénéfices attendus de leur exploitation ? Quel serait l’impact sur les survivants ou familles de victimes des camps ? Quel serait l’impact symbolique sur l’éthique de la recherche ?
Questions normatives : devons-nous nous focaliser sur les seules conséquences d’une exploitation de ces données ? Devrions-nous au contraire nous donner pour principe de ne jamais tirer bénéfice d’un crime commis par autrui ? Si les bénéfices scientifiques d’une exploitation des données étaient énormes, est-ce que nous changerions d’avis ? En quoi ce cas est-il éthiquement différent d’une transplantation d’organes de victimes de meurtre ?
Ressource :
Ce cas est emprunté à Lynn Gillam, « Is it ethical to use data from nazi scientific experiments? », dans David Edmonds (dir.), Philosophers Take on the World, Oxford University Press, 2016, p. 55-57.
Expériences médicales sur des animaux
De nombreux médicaments ou traitements sont aujourd’hui testés sur des animaux ayant un patrimoine génétique proche de l’humain (le plus souvent des souris, rats ou lapins) afin de vérifier leurs effets avant de les commercialiser. (Ces tests sont même parfois obligatoires.) Il arrive bien entendu que ces expériences soient douloureuses, voire mortelles pour les cobayes. Que devons-nous en penser d’un point de vue éthique ?
Questions empiriques : les résultats de l’expérimentation animale peuvent-ils être extrapolés aux humains ? L’expérimentation animale engendre-t-elle une amélioration de la santé humaine ? Quelles seraient les alternatives ? Quels seraient les risques pour les humains si l’on se passait de cobayes ? Combien d’animaux sont utilisés chaque année à de telles fins ? Comment la pratique est-elle encadrée ? Quelles souffrances animales sont-elles admises/interdites ?
Questions normatives : est-il moralement acceptable d’utiliser les animaux pour promouvoir le bien-être des humains ? Tous les animaux ou seulement certains ? Quel serait alors le critère de démarcation ? Si l’on refuse d’utiliser des animaux comme cobayes, peut-on décider d’utiliser des humains consentants ? Est-ce que toutes les expériences avec des animaux sont éthiquement justifiés ou y en a-t-il qui sont éthiquement problématiques ? Les comités d’éthique sont-ils suffisants pour juger l’acceptabilité des expériences ? Quels principes éthiques devraient guider notre utilisation des animaux dans la recherche ?
Ressource :
https://ledrenche.fr/2015/06/139pour-ou-contre-les-experimentations-medicales-sur-les-animaux
Internet et le droit à l’oubli
Dans nos sociétés de l’information, de nombreuses données nous concernant sont accumulées et stockées pendant des décennies. Pour une personne qui a commis des erreurs et s’en repent, tourner le dos au passé est extrêmement difficile. Tout employeur potentiel, par exemple, peut assez aisément retrouver la trace d’erreurs passées. Dans ce contexte, devrions-nous reconnaître un droit à l’oubli (c’est-à-dire le droit de demander le retrait d’internet de certaines informations) et chercher les moyens de le garantir ? C’est en tout cas une question sur laquelle la France et la Commission européenne se penchent depuis quelques années.
Questions empiriques : Est-ce techniquement imaginable ? Comment pourrait-on s’y prendre pour garantir ce droit ? Y a-t-il des risques que le droit à l’oubli soit utilisé à mauvais escient ?
Questions normatives : Devrions-nous avoir le droit de repartir d’une page blanche ? Cela dépend-il du type d’erreur(s) que nous avons commise(s) ? Devons-nous au contraire assumer toute notre vie la responsabilité et les conséquences de nos erreurs passées ? Y a-t-il une durée après laquelle nous devrions accepter d’oublier les torts commis dans le passé ? Le droit d’exiger le retrait de certaines informations n’est-il pas contraire aux normes de publicité et de transparence des informations ?